Reprendre la Bretagne
aux Machines
Nous ressentons un écart terrifiant entre l’ampleur du désastre en cours et la médiocrité de ce qui est entrepris par les gouvernants pour y faire face.
Chaque jour, l’équivalent de 11 terrains de football de terre agricole partent à la bétonisation et à l’artificialisation, tandis que la déréglementation en cours permet de moins en moins de se défendre par des recours légaux classiques. Dans 10 ans, la moitié des exploitantes et exploitants agricoles actuels seront partis à la retraite. Qui prendra soin de ces terres?
Les effets tangibles du réchauffement climatique rendent chaque jour la tâche plus dure aux paysannes et paysans; Nous ne croyons pas que les innovations technologiques, toujours plus énergivores, répondront à ce défi.
Syndicalisme paysan, mouvements citoyens, activismes écologistes, luttes locales contre projets nuisibles : Les luttes et alternatives actuelles sont nécessaires, mais séparées les unes des autres, elles sont impuissantes.
Il est nécessaire d’unir nos forces pour inventer des résistances nouvelles à la mesure du ravage.
Les soulèvements de la terre : un élan national
Les Soulèvements de la terre ont vu le jour à Notre Dame des Landes en janvier 2021. Coordination de syndicalistes paysans, de membres de mouvements climats, de collectifs de luttes, de fermes et d'associations agricoles, les Soulèvements se sont donnés pour objectif de créer un rapport de force qui remette l’écologie au centre du débat public et qui permette de mener des luttes victorieuses.
Dans cette intention, les gestes privilégiés sont :
- Reprendre la terre, par l’installation paysanne, la lutte contre l'accaparement, l'occupation.
- Bloquer en masse les industries polluantes, qui décident à quelques-uns le devenir de nos communs (terres agricoles, eau, ...)
- Porter des gestes collectifs et offensifs pour se donner les moyens de les stopper.
Depuis le début de cette campagne, des actions d’ampleur ont vu le jour, et en particulier la campagne contre les méga-bassines dans le bassin de la Sèvre niortaise.
Nous nous reconnaissons dans cette stratégie.
Reprendre la terre aux machine : une dynamique locale
Première région d'élevage et de production agro-alimentaire, la Bretagne en subit les conséquences avec la pollution aux nitrates issus des effluents d'élevages porcins, entraînant les phénomènes toxiques d'algues vertes. Au mépris de cette catastrophe, la région croule sous les projets de fermes-usines : méga-porcheries de 12 000 porcs à Landunvez et 22 500 à Langoat, ou encore les 178 000 poulets de Plaudren. C'est également en Bretagne qu'on compte le plus grand nombre de méthaniseurs. Les écosystèmes marins ne sont pas épargnés puisque la région continue de soutenir la pêche industrielle et que des projets de champs d'éoliennes voient le jour en baie de St Brieuc.
En raison de la spécificité de la Bretagne - une histoire des luttes dense et singulière, mais aussi un relatif enclavement géographique et une concentration de pollutions dû à l’agro-industrie – une assemblée de collectifs et de syndicats en lutte réunis à Briec au mois de mai 2022 a décidé de lancer sur le plan regional une dynamique locale en échos aux Soulèvements de la terre: Reprendre la Bretagne aux machines.
Notre nom est inpiré de Reprendre la terre aux machines, dernière parution de L'Atelier Paysan, est un livre inspirant qui dresse un tableau des luttes et la situation agricoles, pour en arriver à cette conclusion: Si les luttes isolées sont impuissantes, coordonnons nous, et si les alternatives ne suffisent pas, il s'agit d'être plus offensifs!